Fatimah, première archère irakienne à une Finale de Coupe du Monde?

C’est une série de résultats prometteurs pour la jeune athlète de 16 ans, qui s’est fait remarquer à fin de l’année 2013. Elle avait alors atteint les quarts de finale en arc à poulies aux Championnats du Monde de la Jeunesse à Wuxi 2013 et a éliminé quelques têtes de série aux mondiaux seniors à Belek.

A sa seconde participation seulement à une étape de la Coupe du Monde (elle avait tiré auparavant à Antalya 2013), Fatimah ALMASHHADANI a battu de nombreuses tenantes de titres durant les éliminatoires. La multiple championne du monde Jamie VAN NATTA, ainsi que les Colombiennes Sara LOPEZ, détentrice du record du monde en match, et Alejandra USQUIANO, tenante de la Coupe du Monde ont toutes courbé l’échine devant Fatimah.

"Je me sens presque coupable," déclarait Fatimah en toute sincérité à Antalya. "Toutes ces archères sont de grandes championnes."

La rencontre pour la médaille d’or a vu s’opposer la Russe Natalia AVDEEVA à Fatimah dans l’arène des finales en bord de mer. Cette dernières, poussée par des fans irakiens déchaînés qui ont fait le déplacement pour le match à grands renforts de drapeaux et d’encouragements, a pu s'accrocher et tenir l'égalité durant les quatre premières manches.

Mais la foule d’athlètes et de supporters de toutes nationalités venue soutenir l’outsider ne pouvait pas tirer les trois dernières flèches de Fatimah à sa place. Elle s’est fait passer devant lors de la dernière manche en tirant deux 8 et un 9. Et la médaille d’or de s’envoler autour du cou d’AVDEEVA.

"Je n’étais pas du tout nerveuse la nuit passée, mais lorsque je suis arrivée dans l’arène des finales, mon cœur s’est mis à battre plus vite," a expliqué Fatimah. "C’était difficile de contrôler mon corps, j’ai tiré rapidement."

"Mais j’aime tirer rapidement, parce que je suis plus concentrée."

Cette concentration était de retour une semaine plus tard à Sofia. Fatimah s’est qualifiée à un respectable sixième rang pour ensuite réaliser 148, le plus gros score du tournoi, en match éliminatoire avant de prendre le dessus sur la Croate Maja ORLIC d’un point, 146-145, pour atteindre la finale du Grand Prix Européen.

La Slovène Toja CERNE, archère et gymnaste qui a terminée deuxième à Medellin cette année, a battu Fatimah pour l’or. L’argent remporté à Sofia démontre ainsi que le podium d’Antalya réussi par ALMASHHADANI n’était pas un hasard.

Fatimah est inscrite sur la liste de l’équipe d’Irak pour Wroclaw (en fait elle est la seule archère sur la liste de son équipe nationale pour Wroclaw). Ce qui signifie qu’ALMASHHADANI a fait un pas vers la qualification pour Lausanne dans une catégorie arc à poulies dames encore totalement ouverte.

Elle est actuellement en dixième position au classement, avec 16 points de retard sur la leader Erika JONES mais à seulement cinq points de la quatrième place. Il est pratiquement impossible de prédire le nom des finalistes dans une catégorie où six points séparent six places, mais une place dans le top huit pourrait suffire à Fatimah pour s’assurer une place en Finale de la Coupe du Monde. Tout autre meilleur résultat pourrait quasiment lui garantir sa place.

Venant d’un pays qui compte environ 150 athlètes, les résultats de Fatimah durant le mois passé démontrent qu’un immense pas en avant a été réalisé pour l’universalité et la parité dans le sport.

"Nous n’avons pas le moindre terrain extérieur dédié au tir à l’arc," dit-elle, expliquant qu’elle s’entraîne à l’arrière de son jardin à Bagdad à une distance de 10 mètres. "Il y a juste un endroit au nord de l’Irak où nous pouvons faire des camps d’entraînement, mais il n’y a pas d’ombre et pas d’herbe."

L’histoire de Fatimah met l’accent sur la valeur d’un bon coach. Sa mère lui a enseigné l’arc classique, avec sa sœur Rand qui a participé aux Jeux Olympiques, et elle est maintenant coachée par Majid AHMADI qui a remporté une médaille d’or avec l’équipe masculine d'Iran en arc à poulies sur une étape de Coupe du Monde en 2006.

"Coach AHMADI a été généreux avec moi et l’équipe nationale," ajoute Fatimah. "L’Irak est un pays dangereux, et il s’est battu énormément et longtemps pour le tir à l’arc irakien."

L’histoire nous dira à Wroclaw si ce combat apportera une première qualification historique pour la nation à une Finale de la Coupe du Monde en 2014.

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