Jake KAMINSKI: “Si seulement les prochains Jeux pouvaient commencer demain!”

"Ce tatouage symbolise tout ce que je veux être."    L’Américain de 24 ans a décroché une médaille d’argent par équipe pour sa première participation aux Jeux Olympiques. Les Américains ont battu le Japon et la Corée avant de rencontrer l’Italie en finale pour l’or. Les deux équipes ont été si proches que le match s’est joué sur la dernière flèche. L’Italie l’a emporté avec un 10.   “ON VIENT DE GAGNER UNE MEDAILLE D’ARGENT AUX JEUX OLYMPIQUES DE LONDRES 2012!!!” a écrit Jake KAMINSKI dans la nuit qui a suivi. “Je n’ai pas de mots pour exprimer ce que je ressens. Ça a été une aventure extraordinaire que de représenter les Etats-Unis ici à Londres, aventure partagée avec mes coéquipiers Jacob WUKIE et Brady ELLISON. Ça a été un vrai travail d’équipe, il n’y a pas une seule flèche dont on puisse dire qu’elle nous ait coûté l’or. On a tiré mieux que jamais par équipe. Les scores ont été plus bas que prévu pour toutes les équipes en raison du vent qui soufflait dans le stade. Féliciations à mes coéquipiers, et j’espère que cela a ouvert la voiepour tous les athlètes américains, car c’est la première médaille remportée par les Etats-Unis ici à Londres.”   Quelles étaient tes pensées au moment de tirer ta première flèche des Jeux Olympiques? Ma première pensée a été pour tout ce que j’ai appris à l’entraînement. Brady ELLISON nous avait parlé des précédents Jeux et prévenus qu’il y aurait beaucoup de bruits d'appareils photos. Quand j’étais prêt à décocher ma première flèche, j’ai été étonné de ne pas entendre plus de clics! Je me sentais très bien préparé et très à l’aise. Mon objectif était de tirer une bonne première flèche qui puisse servir de base pour lire le vent lors des tirs suivants.   Que ressentais-tu le 28 juillet, jour des finales par équipes, à l’idée de te battre pour gagner la première médaille de la délégation américaine? Uniquement de la motivation. Notre équipe était numéro un mondiale et les chefs de notre délégation attendaient une bonne performance. Evidemment, on espérait l’or, mais on ne voulait pas se mettre la pression de la médaille. Etre en lice pour la première médaille londonienne des Etats-Unis était un facteur de motivation supplémentaire pour représenter notre pays du mieux possible, espérer une issue positive et avoir du plaisir. On dit qu’il faut espérer le meilleur mais envisager le pire, et c’est ce qu’on a fait.   Qu’avez-vous fait avant les finales par équipes? On a tiré et on a essayé de ne pas se laisser dépasser par les émotions et par la pression, par l’idée qu’une médaille était à notre portée. Après le tour de classement, Jacob WUKIE et moi nous étions dit que c’était déjà une sacrée victoire que d’avoir tiré aux Jeux Olympiques. Quoi qu’il arrive par la suite, on aurait déjà beaucoup gagné en expérience.   Votre victoire sur la Corée en demi-finale a surpris beaucoup de monde... Les médias ont pris en compte uniquement les résultats des Jeux Olympiques et des championnats du monde, mais n’avaient pas connaissance de nos victoires sur les Coréens en Coupe du Monde. Ce n’est pas par hasard que nous sommes l’équipe numéro un au monde. Nous étions encore plus motivés à gagner ce match. C’était mes premiers Jeux Olympiques et ma première médaille! Quelle victoire, quelle que soit la couleur. Même si on a sauté de joie sur le terrain, on savait qu’on pourrait reprendre notre concentration pour tirer pour l’or.   Qu’as-tu ressenti quand tu as réalisé que vous aviez gagné une médaille? C’était une combinaison d’émotions: un immense soulagement, de l’excitation et de la joie, à l’idée que les six années que j’ai consacrées à l’entraînement à plein-temps ont porté leurs fruits. C’était un sentiment semblable à celui que j’ai ressenti quand je me suis qualifié pour les Jeux, mais d’une intensité beaucoup plus forte. Après avoir battu la Corée sur la dernière flèche, on l’a fêté en tant qu’équipe. C’était des émotions très fortes, je crois que chacun a versé une larme, même Coach LEE, notre entraîneur. J’ai regardé ma famille dans les gradins, ma femme s’est mise à pleurer, et tout mon clan sautait de joie. 

   En action aux Jeux de Londres (Copyright Jean-Denis GITTON / FFTA)
Comment se fait-il que tu tires mieux par équipe qu'individuellement?
Je trouve plus facile de tirer les éliminatoires par équipe. Chaque erreur peut être compensée par deux coéquipiers. On est une équipe qui fonctionne et qui communique particulièrement bien. Chaque flèche est discutée afin de pouvoir faire d’éventuels ajustements. J’ai une telle confiance en mes coéquipiers que je suis leurs conseils même si je suis sur le point de décocher une flèche, s’ils me disent de viser différemment en raison du vent. L’aspect mental de la compétition par équipe fait que l’on tire mieux. J’ai obtenu quelques succès individuels, mais quand on est seul il y a aussi beaucoup plus de risques d’erreurs.   Qui est le leader de votre équipe? Chacun d’entre nous est un leader à sa manière. WUKIE dans le sens qu’il nous aide à rester calmes et à avoir les pieds sur terre; Brady parce qu’il a eu énormément de succès individuels et qu’il a déjà participé à des Jeux Olympiques; et mes coéquipiers comptent sur moi pour tirer la première flèche, qui a une grande importance pour les deux tirs suivants. Même notre entraîneur Coach LEE est un leader par le fait qu’il nous donnait des indications sur le vent, qui était particulièrement difficile à lire à Londres. On est comme une famille, sur le terrain mais aussi en dehors puisqu’on vit ensemble à San Diego depuis longtemps, et c’est ce qui fait notre force.   Qu’est-ce que la médaille d’argent t’a apporté en termes de visibilité? La médaille nous a apporté une grande exposition. Je pense que cela est dû en grande partie à tous les livres et les films liés au tir à l’arc qui sont sortis récemment. Grâce à notre médaille, la première des Etats-Unis, notre match pour la médaille d’or a été montré en direct à la télévision américaine. Selon NBC, le tir à l’arc a récolté une meilleure audience que tous les autres sports la première semaine des Jeux Olympiques.   Tu es très actif sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce que cela t’apporte en tant qu’athlète? Ça a commencé quand Kellogg’s a décidé de centrer une publicité sur un archer et m’a demandé de figurer dans une vidéo. Cette publicité m’a fait prendre conscience du fait que beaucoup de monde suit nos performances, et m’a poussé à créer une page Facebook et un compte Twitter. Ces plate-formes me donnent une meilleure visibilité et contribuent à attirer des sponsors et des revenus supplémentaires. Aux Etats-Unis, nous ne sommes pas autant soutenus financièrement que dans d’autres pays. Nos revenus dépendent de nos performances, ce qui représente une énorme pression de victoire. Je trouve important de partager des informations bien choisies afin de générer un intérêt grandissant pour le tir à l’arc, non seulement de la part des sponsors mais aussi des gens qui pourraient décider de s’impliquer dans notre sport. Je pense que les réseaux sociaux permettent également au public de suivre plus facilement les sports peu médiatisés.   Qu’as-tu fait depuis la fin de ta compétition olympique? J’ai passé la semaine qui a suivi la compétition à Londres avec ma famille. On a visité la ville et fêté la médaille. J’ai essayé de découvrir la ville et de vivre les Jeux au maximum. Je suis allé soutenir des Américains engagés dans d’autres sports. J’ai assisté à la demi-finale et à la finale pour l’or de nos basketteurs, ainsi que la finale 100% américaine du beach-volleyball féminin, et la finale pour l’or de nos volleyeuses. Des athlètes d’autres sports étaient venir nous soutenir pendant notre compétition. Je voulais les soutenir en retour. Les Jeux Olympiques ont été une magnifique expérience. J’ai travaillé très dur et très longtemps pour arriver là. Je suis un peu triste que ce soit déjà fini. Si seulement les prochains Jeux pouvaient commencer demain! Quatre ans à attendre, c’est long. Je suis très excité… peut-être encore plus qu’avant (rires)!  
  A Val d’Isère (Jean-Denis GITTON / FFTA)    Où est ta médaille? Elle est avec moi, dans ma poche. Je peux la sortir et la montrer aux gens qui me félicitent. C’est une sorte d’insigne qui montre qu’on est aussi bon que n’importe quel autre athlète. Là où j’habite, au Centre d’entraînement olympique à San Diego, il y a plein d’anciens athlètes et médaillés olympiques. Parfois en tant qu’archer, je ne me sens pas aussi important que ceux qui font de l’athlétisme. Une fois arrivé aux Jeux, cette impression disparaît. C’est le meilleur sentiment de se promener au Village olympique en sachant que j’ai gagné une médaille. Tous les gens que je rencontre sont impressionnés de cette médaille. Et je poste des photos d’elle sur Twitter et Facebook pour permettre à ceux qui sont restés aux Etats-Unis de savourer cette victoire.   Maintenant que tu es médaillé olympique, qu’aimerais-tu être? Je ne sais pas. J’aimerais commencer à vivre “normalement”. Je vais continuer à tirer en compétition mais j’aimerais développer ma propre marque, ma propre image, afin de pouvoir voyager de par le monde sans me soucier des questions financières. J’aimerais emmener ma femme avec moi – l’année passée j’ai été éloigné de la maison pendant 170 jours! Mon prochain objectif est de mener une vie normale et d’acheter une maison.   Qu’est-ce qui t’amène aux Championnats du Monde de Tir en Campagne de Val d’Isère? Même si on ne peut pas comparer Val d’Isère et les Jeux Olympiques, ça reste un championnat du monde avec un titre à gagner. La pression n’est pas si forte, alors je suis ici pour me faire plaisir et pour tirer le mieux possible.   As-tu un message à transmettre aux jeunes archers? Ne renoncez pas. Tout est possible. Je n’ai jamais renoncé même si ça a été difficile de me qualifier pour les Jeux, mais ça en valait la peine. Et suivez-nous, les archers, sur les réseaux sociaux, et suivez USA Archery et World Archery. C’est en grande partie grâce à eux que nous pouvons tirer en compétition.   Pour des commentaires et photos des coulisses des Jeux de Londres, visitez la Page Facebook officielle de Jake KAMINSKI, et suivez-le sur Twitter @jakekaminski.   Jake KAMINSKI a écrit ses impressions de la compétition pour The Huffington Post.
  Vanahé ANTILLE / Jean-Denis GITTON World Archery Communication
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