Athlète de la semaine: Hubert VAN INNIS (BEL)


Aux Jeux de Paris 1900 avec son longbow Hubert VAN INNIS (24 février 1866 - 25 novembre 1961) était un archer belge multiple médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Paris 1900 et Anvers 1920. Détenteur du record du plus grand nombre de médailles olympiques en tir à l’arc, il est également l’athlète belge le plus décoré de l’histoire des Jeux Olympiques tous sports confondus.   Le tir à l’arc était disputé sous forme d’épreuves individuelles et par équipes bien différentes de celles qu’on connaît aujourd’hui. Les cibles étaient placées à 28 mètres, 33 mètres et 50 mètres, et leur taille variait en fonction de la distance.   Aux Jeux Olympiques de Paris 1900, Hubert VAN INNIS a remporté deux médailles d’or, dans les épreuves du cordon doré à 33 mètres et au chapelet à 33 mètres, ainsi qu’une médaille d’argent au cordon doré à 50 mètres.   Lors de ses deuxièmes (et derniers) Jeux Olympiques, à Anvers en 1920, le Belge était en lice comme archer mais également en tant qu’organisateur ! Il a été le plus performant de tous les archers lors de ces Jeux avec quatre médailles d’or et deux d’argent. Il a remporté l’or des épreuves libre-oiseau mobile à 28 mètres et 33 mètres, des épreuves par équipe libre-oiseau mobile à 33 et 50 mètres, et deux médailles d’argent en libre-oiseau mobile à 50 mètres et par équipe dans l’épreuve libre-oiseau mobile à 28 mètres.   Hubert VAN INNIS a également connu de grands succès en championnats du monde : il a été champion par équipe en 1933 et deux fois médaillé d’argent en 1934 et 1935.   Même si le nombre important de médailles décernées lors de ces Jeux a contribué à la légende d’Hubert VAN INNIS, son avantage a été contrebalancé par le fait qu’il n’a pas participé aux Jeux de 1904 et 1908, et que les Jeux de 1912 ont été annulés en raison de la Première Guerre mondiale. De même, après ses succès de 1920, le tir à l’arc a été retiré du programme olympique en raison de l’absence de consensus international quant aux formats de compétition. Sachant qu’en 1933, à l’âge de 67 ans, Hubert VAN INNIS a remporté une médaille d’or par équipe aux Championnats du Monde, on ne peut qu’imaginer ce qu’aurait été son palmarès olympique si le tir à l’arc avait été maintenu au programme des Jeux!    Le multiple champion olympique a été le fondateur d’une tradition familiale de tir à l’arc. Son arrière-petit-fils Philippe PRIEELS a participé à plusieurs épreuves de Coupe du Monde sous les couleurs de la Belgique. La fille de celui-ci, Sarah PRIEELS, fait partie de l’élite internationale de l’arc à poulies à 22 ans. Championne d’Europe par équipe en 2010, elle est actuellement 21e du Classement Mondial. Elle est entraînée par son père Philippe PRIEELS, que nous avons questionné sur son illustre aïeul.     Hubert VAN INNIS (à gauche) avec ses coéquipiers aux championnats du monde 1933 Qui était votre arrière-grand-père Hubert VAN INNIS? Sa vie, c’était le tir à l’arc. Quand il était enfant, il devait faire des livraisons pour ses parents dans un patelin aux alentours de Bruxelles. Il partait avec une charrette, un chien et des cruches de lait pour livrer certains restaurants ; il renvoyait le chien à la maison avec la charrette, et allait tirer à l’arc. A l’époque, le tir à l’arc à la perche, c’est-à-dire aux oiseaux, était un sport national en Belgique, on le pratiquait dans tous les patelins et toutes les villes. Mon aïeul excellait aussi bien au tir à la perche qu’à la cible. A 16 ans déjà, il a gagné un grand prix en Hollande devant tous les archers renommés de Belgique et des Pays-Bas. Sa carrière s’est poursuivie jusqu’à un âge avancé : son deuxième titre de champion olympique, il a l’a remporté à 58 ans, et il a été champion du monde en 1933 à l’âge de 67 ans ! Il avait un statut particulier en Belgique, mais c’est quelque peu tombé dans l’oubli. D’après ma grand-mère, c’était un personnage au caractère bien trempé ! Il n’a jamais arrêté de tirer à l’arc jusqu’à deux ans avant son décès, soit jusqu’à 93 ou 94 ans ! Il est toujours le recordman en Belgique des médailles gagnées aux Olympiades.   Que pouvez-vous dire du matériel de tir utilisé à son époque ? Le tir à l’arc a tellement évolué par rapport aux années 1900 à 1940 ! On ne se rend pas compte de la difficulté de tirer à l’époque. Aux Jeux d’Anvers en 1920, mon arrière-grand-père tirait avec un arc de 100 kilos ! Quand je raconte cela aujourd’hui, on me répond que ce n’est pas possible !… Il se fournissait en matériel auprès de fabricants belges. Beaucoup de tirs se faisaient à une flèche, donc il existait un matériel spécifique pour tirer chaque distance. Les archers avaient « leur » flèche spécifique selon la distance. Mon arrière-grand-père enfilait un gilet spécial pour tirer, qui comportait des boutons, il y mettait son petit doigt et se repérait par rapport à ça. Il tirait avec un longbow, comme Robin des Bois. La flèche était en bois avec une encoche en corne et une plume naturelle… C’était vraiment archaïque. Quand les archers avaient le malheur de casser une flèche, c’était vraiment difficile de retrouver la même ; il fallait parfois chercher des mois et des mois pour retrouver la « bonne » flèche, qui suive la même trajectoire. Je suis en possession du fameux arc de 100 kilos de mon arrière-grand-père qui sera bientôt exposé parmi les trésors de World Archery.    Son village natal Elewijt lui a érigé une statue.    Avez-vous des anecdotes à nous raconter à son sujet? Dans les années 1920 il avait un restaurant à Bruxelles avec à l’arrière, une salle de jeux de quilles et une salle de tir à l’arc. Le roi des Belges de l’époque, Albert Ier, est venu le voir tirer dans ce local juste après les Jeux Olympiques d’Anvers. Ma grand-mère m’a raconté qu’il avait tiré 30 flèches sans sortir du 10 à 25 mètres. Est-ce une légende ou non? Je n’en sais rien.   Mon grand-père m’a un jour raconté qu’il était tellement fort qu’on l’empêchait de participer à certaines compétitions, pour que les autres aient une chance de gagner. Un beau jour, il est arrivé à une compétition de tir à la perche, et on a dû faire venir la police pour qu’il puisse tirer, parce que les autres archers ne voulaient pas le laisser accéder au pas de tir !   Parlez-nous de la tradition familiale de tir à l’arc qui est née grâce à lui. Mon arrière-grand-père a eu trois filles dont aucune n’a tiré à l’arc. En tant que membre du Club royal des archers de Saint-Sébastien de Bruxelles, il a nommé son petit-fils membre. C’est comme ça que mon père a commencé à tirer à l’arc. C’est à ce moment-là qu’il a rencontré ma mère, qui était la fille du président du club à l’époque. Le grand-père maternel de ma mère, Jérôme DE MAEYER, avait tiré à l’arc aux Jeux Olympiques d’Anvers, dans l’équipe de mon arrière-grand-père ! Ma grand-mère avait tiré à l’arc, et son mari également.   Le mariage de mes parents a été l’union entre deux vraies familles de tir à l’arc ! Je suis venu au monde juste après les Championnats du Monde de Bruxelles en 1952. Et maintenant ma fille Sarah PRIEELS fait partie de l’équipe nationale de Belgique, et elle a été championne d’Europe par équipe. On tire en famille, c’est presque dans les gènes !   World Archery Communication