13 mars 2007 - Interview avec Bérengère Schuh (FRA), championne du Monde en Salle à 19 ans

Interview avec Bérengère Schuh (FRA) Izmir - 13 mars 2007   Championne du Monde en Salle à 19 ans, Bérengère Schuh a encore soif de podium. Entretien avec une fille qui tirerait plus vite que son ombre.   Bérengère, tu es devenue Championne du Monde en Salle de Nîmes 2003, dans ton pays et à 19 ans ! Te rappelles-tu de tes émotions à ce moment-là ? Pendant la compétition, j’étais sur un nuage ! Je n’ai seulement réalisé une semaine plus tard quand j’ai regardé un reportage à la TV sur la compétition. Puis, je me suis dit : c’est fait, il faut passer à autre chose. J’ai enchaîné avec la saison extérieure et je n’ai plus trop pensé à mon titre.   L’extérieur justement où, en étant un peu sévère, on pourrait dire que tu n’as jamais confirmé tes dispositions montrées en salle… Mon style est mieux adapté à la salle ! En Indoor, j’attends les 45 dernières secondes pour envoyer mes trois flèches. A l’extérieur, j’attends aussi les 2 dernières minutes pour tirer mes six flèches. Alors quand il y a du vent, je ne suis pas efficace. Je ne tire aussi qu’avec 34 livres de tension, je manque un peu de puissance.   Pourquoi attends-tu autant avant de tirer ? C’est pour ne pas gamberger sur ma technique. Je recherche tellement la perfection que si je prends trop de temps en tirant, je réfléchis trop sur chaque élément technique. Donc j’ai pris l’habitude d’attendre puis d’enchaîner les flèches rapidement.   Mais tu pourrais tirer rapidement depuis le début, ce qui te donne la possibilité d’attendre s’il y a du vent. Tu es encore jeune et tu pourrais optimiser cette technique ? Je tirais dès le début auparavant, mais maintenant je me sens mieux en attendant. Je ne crois pas que j’aurais la garantie de faire plus de points, si je tirais différemment. J’ai quand même obtenu de bons résultats en extérieur dans ma carrière, notamment une 4ème place par équipe aux Jeux Olympiques d’Athènes.   De plus, tu es vraiment efficace en salle. Tu es encore devenue Championne d’Europe en 2006 et tu as fait 2ème au Tournoi international de Nîmes cette année. Mais que s’est-il passé en 2005 ? En fait, je n’ai pas pu participer aux Mondiaux de 2005. J’étais dans le collectif de l’INSEP avec notre coach coréen. Il met clairement la priorité sur l’extérieur et nous avons dû faire l’impasse sur toute la saison en salle. A ce moment, j’étais très déçue de ne pas pouvoir défendre mon titre.   Le fameux INSEP (Institut National de Sport et Education Physique) de la France. C’est une fourmilière de talents sportifs… Comment cela se passe-t-il ? On peut étudier ce que l’on veut (4-5 heures par jour) et l’on bénéficie d’aménagement pour les entraînements avec une grosse structure sportive. Par exemple, il y 4 femmes en arc classique et elles tirent 300-400 flèches par jour.   En fais-tu toujours partie ? Seulement pour les études, je termine un BTS (Bachelor) en Informatique de Gestion. Pour le sport, j’ai été sortie du collectif INSEP fin 2005 mais j’ai pu intégrer le collectif France qui est un peu plus ouvert. Je m’entraîne dans un club à mon rythme, tirant entre 150-200 flèches par jour et ça m’a aussi permis de faire les saisons en salle, que je préfère. Par contre, j’ai toujours la possibilité d’accéder à la Coupe du Monde. Dans une dizaine de jours, nous aurons les sélections internes entre les 4 filles du collectif INSEP et les 14 du collectif France. En trois jours, nous ferons deux ronde FITA puis un jour de matchs. Les 6 meilleures seront retenues dans le cadre français, mais seulement les 2-3 meilleures iront à l’Etape 1 de la Coupe du Monde à Ulsan. Si elles font des résultats satisfaisants (16ème en individuelles ou 6ème par équipe), elles iront à l’Etape 2 et ainsi de suite… Sinon, nos dirigeants décideront. Le but est d’être dans l’équipe pour les Championnats du Monde de Leipzig et de se qualifier pour les Jeux Olympiques 2008.   Ces J.O. sont dans 18 mois, mais tu sembles déjà très motivée… Oui ! Après avoir échoué au pied du podium en 2004, j’aimerais bien y retourner et gagner cette médaille par équipe, même si elle sera vraisemblablement très différente. Je pense qu’il y a 6-7 filles en France qui peuvent se qualifier mais il faudra que l’on monte encore notre niveau.   Est-ce que ça influence déjà ton entraînement ? Cette année il faut plus se concentrer sur les rondes FITA pour bien figurer aux Coupe du Monde et Championnats du Monde. Il faut donc s’entraîner sur les quatre distances (30, 50, 60, 70 m). Il faut avoir cette constance et un bon classement avant d’entrer dans les matchs.   Oui mais après les matchs se déroulent seulement sur 12 flèches et à 70m. Est-ce que vous ne devriez pas plus vous concentrer sur les matchs ? Dans mon club, c’est difficile parce que personne n’a vraiment le même niveau. En équipe nationale, il faudra voir ce que dit le coach. J’essaie aussi de gagner en puissance et passer à 35 livres avec mon arc extérieur. Ce n’est qu’une livre en plus mais c’est déjà un avantage. Avant je tirais à 37 livres, mais j’ai eu trop de blessures et de tendinites au poignet.   Quelle condition physique fais-tu pour cela ? Je fais de la natation, du footing, de la musculation. Mais je n’ai pas non plus envie de devenir trop massive… En fait, j’étais une assez bonne nageuse quand j’étais enfant, avant de commencer le tir à l‘arc à 12 ans.   Quel est ton point fort en tir à l’arc ? C’est la “gnac” : l’envie de mettre dans le mille quoiqu’il arrive, malgré un problème technique ou le mauvais temps.   Es-tu confiante à l’entame de ces Championnats du Monde à Izmir ? Oui. J’effectue la meilleure saison en salle de ma carrière ! J’ai tiré 587 pts de moyenne en qualifs, dont 591 à Nîmes (ndlr : performance égale au record du monde). J’ai aussi enchaîné de très bons matchs. Mais je me suis fait voler mon arc une semaine après Nîmes ! J’ai eu de la peine avec mon 2ème arc malgré l’envoi rapide de matériel par mes fournisseurs Hoyt et Arc Système. Maintenant ca va mieux.   Alors tu vises le titre ? Je ne me mets pas un but absolu ni trop de pression, mais j’ai envie de monter sur le podium. J’ai quand même vu des têtes connues en arrivant ici, notamment Valeeva (ITA), quadruple Championne du Monde ! Il y a aussi les Allemandes qui marchent fort cet hiver. Mais si je fais ce que je sais faire, ça devrait aller… Par équipe, la France est Championne du Monde en titre, mais l’équipe est toute nouvelle ici. On verra bien !   Bonne chance !   Didier Miéville FITA Communication